Cap et forteresse de Tigani

La péninsule de la baie de Mezapos, dans le sud-ouest du Magne, ressemble vraiment à une poêle à frire (tigani en grec), si vous la voyez de loin - et surtout d'en haut ! En vous y promenant, vous ressentirez l'aura de sa longue histoire et pourrez admirer les ruines des murailles et de l’église Panagias Agitrias (ou Odigitrias).

Photos

Parlons d'abord du nom étrange (et drôle) de cette péninsule rocheuse de 1 700 m dans la baie de Mezapos, au sud-ouest du Magne. Elle est entouré par la mer sur trois côtés et, oui, elle ressemble de loin à une poêle à frire – et surtout d'en haut ! En parcourant le sentier le long de son « manche » (depuis Agia Kyriaki) vous vous retrouverez dans un endroit sauvage écrasé par le soleil et battu par les vents, mais orné du bleu profond de la mer. Dans les cuvettes formées dans la roche calcaire, les habitants les plus pauvres et méprisés par la société (les parakatiani), récoltaient du sel, dans des conditions incroyablement rudes. 

Qu’en est-il du corps de la poêle, le plateau entouré de rochers verticaux ? C'est là que les choses deviennent très intéressantes - surtout si vous laissez libre cours à votre imagination : Les vestiges de trois citernes publiques, une muraille médiévale à moitié éboulée flanquée d’une tour à l'ouest, un antique mur cyclopéen et, à l'est, des vestiges présentant les caractéristiques de l'époque justinienne, en assez bon état. Et encore, des tours en ruines et des vestiges d’églises byzantines. Parmi elles se distingue une grande basilique à trois nefs.  

Mais voyons tout cela plus en détail, car différentes versions existent, sur l’origine de la forteresse.   

Selon l'une d'entre elles basée sur l'existence de la muraille cyclopéenne, la fortification originelle remonterait à l'Antiquité. Elle devint byzantine sous le règne de Justinien (527-565) et la petite cité-état (citadelle) se transforma en un important centre militaire et administratif. La forteresse fit face aux raids des Vandales, des Croisés, des Arabes et des Turcs. Son utilisation cessa en 1570.   

Selon d'autres chercheurs, la forteresse de Tigani est identique à celle de la Grande Magne (Megali Maïni), d’après la « Chronique de Morée ». L’ouvrage mentionne que la forteresse de Maïni fut construite sur un rocher qui dominait un grand port naturel, donnant son nom à la région élargie. 

La forteresse de Maïni fut construit par Guillaume II Villehardouin en 1248. Elle était le centre stratégie de région et l'une des grandes forteresse du Péloponnèse, avec celles de Mystra de et Monemvassia (reprise et libérée par Guillaume II à Michel VIII Paléologue). 
Cependant, il n'est pas certain que la forteresse de Tigani puisse être identifiée à celle de Megali Maïni (en effet, la forteresse de Tigani n’est dotée d’aucun port naturel). 

Nous disposons bien sûr de plus nombreuses informations sur la basilique à trois nefs, ses phases de construction qui se chevauchent et sa taille imposante. Des fouilles y ont eu lieu entre 1964-1965 et 1977-1984, menées par le professeur N.V. Drandakis et ses confrères. Sa maçonnerie a été étudiée et des absides, le chœur du sanctuaire, des parties de la chaire et un grand nombre de sculptures de l'iconostase ont été retrouvés. Initialement, la basilique était datée de la fin du VIIe siècle. Cependant, après avoir combiné l'étude de la maçonnerie à celle de la structure des sculptures, les archéologues ont proposé de corriger la datation à la seconde moitié du Xe siècle ou début du XIe. La magnificence de l'église (peut-être épiscopale) et sa taille, ainsi que sa présence au sein d'un complexe fortifié, les ont conduit à penser que la forteresse voisine pouvait être identifiée à celle de Maïni. L’église a été utilisée jusqu'à l'occupation turque. Les vestiges d'une nécropole utilisée à la fin du Ve et au début du VIe siècle ont également été retrouvés. 

Saviez-vous

D’autres versions courent, concernant l’identité de la forteresse de Maïni : Elle pourrait être identifiée à celle de Kelefa, de Lefktro ou de Zarnata. 

Emplacement

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